mercredi 10 novembre 2010

MISS YOU.

Elle posait dans différents ateliers, des associations à caractères artistiques et quelques écoles d'art graphiques pour se payer un voyage aux États-Unis. Elle s'était présentée spontanément à notre atelier, elle démarchait les cours de dessins et de peintures mais nous n'en donnions pas. Par contre, je lui proposais de poser pour mes photos.  Elle nous sembla si jeune qu'on lui a même demandé ses papiers. Elle allait envahir mes images. Elle jouait tous les jeux, à la condition de ne pas être érotiser, du moins à la prise de vue. Elle ne se serait jamais maquillée, portait volontiers un masque, rechignait à mettre des bas mais acceptait de garder ses chaussures. J'avais beau lui expliquer que "tout nu" porte en lui sa charge érotique, elle ne voulait rien savoir. Et que je l'érotise après coup par ordinateur lui était bien égal. Surtout elle voulait rester anonyme, d'autant plus en photo. Pourtant très à l'aise, elle me donnait sa nudité en toute confiance ; au milieu des œuvres et en présence de, voire avec, mon ami peintre dont je partageais l'atelier. On parlait beaucoup, surtout lui. Nos séances étaient très conviviales, elle s'arrangeait pour organiser ses heures de poses sur une journée ou deux. Elle arrivait de la campagne et parfois je l'hébergeais, ce qui lui économisait le coût d'un transport et j'aimais l'avoir à dîner. Mais elle n'a posé qu'une fois chez moi. Pour notre premier essai, j'avais préférer qu'on se découvre tranquillement à la maison, toutes les séances suivantes eurent lieu dans l'atelier. On l'avait adopté comme une petite sœur ... " Une petite sœur à poil ! " ... Elle hurla de rire quand je lui suggérais de se raser un peu le pubis ; " Nan ! ", elle était nature. Elle avait un coté baba qui ressemblait plus à nos vingt ans révolus, qu'à ceux qu'elle était en train de vivre, ce décalage nous rapprochait. Elle était téméraire et ne comptait que sur elle, toujours de bonne humeur. Travailler pour moi était assez récréatif et plus énergique, par rapport aux heures passées sans bouger pour les cours d'après modèle vivant ... Je m'étonne aujourd'hui d'en parler au passé, elle finit par partir aux Amériques, en revint et y repartit. Dans l'intervalle nous fîmes d'autres photos. J'utilise encore des images que j'ai fait d'elle, il est possible qu'un de ces jours j'en fasse de nouvelles, et cette idée me plait ...
    Pour cette image je l'ai téléporté dans un autre atelier où je m'occupais surtout à m'autoportraiturer.